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Des Mots Démos Des Maux ...
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5 février 2014

DEERHUNTER:Monomania (chronique)

  J'en suis venu à apprécier DEERHUNTER à sa juste valeur progressivement, à force d'être intrigué.
L'intrigue m'a poussé vers l'écoute en boucle et peu à peu tout a pris forme.Ce n'était pas chose
facile, car il fallait passer outre ce marasme brumeux,ce mur flou et épais mélangé à des notes
cristallines qui caractérise leur son. Mais j'ai su qu'il y avait matière à creuser, à se laisser
emporter dans cet univers étrange, particulier, personnel(c'est chose rare à notre époque). Ces
chansons boueuses de prime abord se sont révélées pour m'atteindre en plein cerveau.Il y a des
disques qui nous parlent immédiatemment, et d'autres qui demandent de la patience:ceux de DEERHUNTER
m'ont fait cet effet-là.Une fois le cap franchi, plus rien n'arrête la jouissance.
Le groupe d'Atlanta,GA, s'est révélé à moi avec l'album "MICROCASTLE" et pour les raisons exposées
ci-dessus, je me suis procuré les autres opus.

   En 2012 sortait "HALCYON DIGEST", plus ténébreux et lancinant que jamais.Qu'allaient t'ils faire
ensuite? Et bien, être pertinent. Sortir de leurs gonds. Réagir. La réaction s'appelle "MONOMANIA".
En écoutant le chant de Bradford Cox, on pense réellement à un album de maniaque, d'obsédé. Une ga-
lette malsaine, pleine de furie contenue, avec son lot de mélodie.Jusqu'à présent,Deerhunter était
pour moi un bon groupe de rock psychédélique, mais trop attaché à MY BLOODY VALENTINE et SONIC YOUTH.
Avec Monomania, ils réalisent la prouesse d'être encore plus singuliers en injectant dans leur son
une dose de démence à leur jolie pop boueuse éxpérimentale. On peut y voir un pied de nez aux pro-
ductions précédentes: plus brutes, les chansons s'enchainent littéralement sans une seconde de répit.
(un effet des plus efficaces).Soit la fureur éclate directement, soit le calme apparent cache une
tension extrême.

  C'est un vrai album des années 2010, car le groupe sonne actuel, contemporain.Ils ne donnent pas
dans le revival ou la nostalgie.C'est bon d'entendre cela en 2013 car la base du rock'n'roll est là,
mais le traitement est on-ne-peut-plus moderne.Dès l'ouverture, on se laisse porter par les chansons
malsaines de Cox: "Neon junkyard", premier morceau, met les choses au point. "Leather jacket" est
totalement déjanté dans le style BUTTHOLE SURFERS/REVOLTING COCKS."MALADE ET DANGEREUX", ce n'est
pas moi qui le dit.
Deerhunter fabrique des ambiances à partir de petits motifs insignifiants, presques naïfs et idiots.
Pour exemple le splendide "the missing" (signé par le guitariste Lockett Pundt) et sa mélodie à deux
notes."Pensacola", parfaite bande-son pour un après-midi de promenade en hôpital psychiatrique. On se
prend à vouloir danser sur "dream captain" en pensant à IGGY POP période Nightclubbing."Blue agent",
un peu moins maniéré, "T.H.M." suggère encore quelques pas de cha-cha-cha sur un fond lancinant et
halluciné. Bancal et tordu, au bon sens du terme.
Arrive "Sleepwalking", chanson dans le plus pur style du Deerhunter pré-Monomania. Il pourrai figurer
sur un autre de leurs albums sans dénoter.La fin de ce morceau est d'une beauté toute particulière.
"Back to the middle", au riff funky, reste un morceau moyen, en tout cas si on le compare au chaotique
"Monomania" qui suit. Feedbacks, bruitages, moteurs de motos qui ronflent.
"Nitebike" pourrait être le slow, la chanson pour frimer et draguer, sauf qu'il y a un problème. Cox
chante de manière dangereuse. Il lui faudrait de toute évidence une camisole de force.Tout compte fait,
les prétendantes vont se barrer très loin, effrayées, tant pis pour les zicos et leur envie de copuler.
Le disque finit sur "Punk" assez représentatif de l'ensemble, mélangeant calme tendu et décadence,
proche, dans l'esprit, des New york Dolls.

  J'aime la désinvolture de ce disque. Bradford Cox est d'ailleurs coutumier de ces ambiances explorées
au sein de son projet solo Atlas Sound.J'aime les paroles cinglantes et cinglées, profondément humaines,
j'aime leurs visuels, leur pochettes qui collent parfaitement à cet univers ( pour les rares personnes
qui voient encore les pochettes et qui achètent des vrais disques).J'aime ce qu'ils deviennent: ils ont
préservé leur son tout en évoluant vers des eaux moins boueuses. Ils se remettent en question, et sont
un des rares groupes actuels à savoir préserver cette dangerosité et ce toupet qui manquent tant au
rock d'aujourd'hui, si l'on peut encore parler de musique rock. Un bel exemple d'intégrité et de culot.
Achetez Monomania.

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