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Des Mots Démos Des Maux ...
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5 février 2014

QUI EST PUNK, QUI EST PIUK. (article de divertissements)

   La bonne humeur du mercredi m'incite à pondre un petit article léger. C'est sur le ton de la
rigolade, la plaisanterie, la fiesta même, que je vais parler de PUNK. Punk? C'est déjà risible
rien que de le prononcer. On sait que c'est, comme toutes les étiquettes commerciales, un terme
galvaudé, piétiné depuis longtemps. Il était même enterré avant de rencontrer le grand public.
Mais qui est-il? D'où vient-il? Formidable robot, des temps nouveauauauaux, c'est le grand GOldO-
RAK.;. hum hum, désolé pour cet élan de mauvais goût, mon café était très corsé.
   Je considère cet article comme léger car son sujet ne signifie pas grand-chose, mis à part ce
que le public veut qu'il signifie pour lui. Chacun est libre de voir punk à sa porte. Chacun dev-
rait s'approprier des notions subjectives pour les objectiver soi-même. Faire de ses idées des
cerveaux, des moteurs pour qu'existent VRAIMENT des styles culturels, artistiques non pas nés de
chiffres de ventes pour tel album ou tel livre, ou du style vestimentaire d'une pseudo-
star, mais plutôt d'un ressenti personnel, intime, que l'on souhaite faire partager (ou pas).
Bref, parler de "punk" est devenue une blague, même plus que des autres styles musicaux. En effet,
le Bluegrass ou le free-jazz n'ont pas été bousillés par l'exposition à un fort niveau commercial.
Car le punk ne signifie pas seulement musique punk, mais aussi vêtements, attitude, mode de vie, et
tout cela a été montré au grand jour, certes de façon trouble, mais vous trouverez plus de gens dans
la rue qui pourront vous parler de punk que de musique amérindienne traditionnelle ou de be-bop.
Il faut bien avouer qu'un mec plein de percings, un tee-shirt troué sur un perfecto plein de badges
et coiffés d'une iroquoise est plus marquant qu'un autre en petit pull rayé, les cheveux à peine longs
sur l'arrière et un petit  autocollant de Coltrane sur sa serviette. Encore une fois, traiter d'un
terme aussi abstrait que le punk, bien plus que d'autres styles musicaux, un terme qui signifie
"aller à l'encontre du courant dominant" et qui est avalé par ce courant, ne peut être trop sérieux.
Après avoir éclairci quelques notions-clés, je listerai des artistes qui m'évoquent le punk au sens
large, et je tenterai d'expliquer le pourquoi de ces rattachements.

Il me semble que la notion de Punk dans la musique et dans l'attitude (style vestimentaire, engagements
divers,...) est intimement liée au monde occidental et à la société capitaliste, disont, depuis sa for-
mation après les révolutions industrielles, et son hégémonie actuelle.
C'est la notion culturelle d'occident, liée à la dérive du blues, country, jazz et rock. Tout ceci est
clairement rattaché à notre petit monde, et même si ces musiques sont nées avec le folklore et la tradi-
tion, elles sont désormais et depuis longtemps rattachées à l'urbanisation et au système mondialiste et
capitaliste. Notre système a engendré une culture dominante (dans la musique, mais pas seulement) qu'on
appellera "MAINSREAM" et par Action-Réaction, une contre-culture. Première question: Depuis quand peut-
on parler de contre-culture, qui et quoi ont participés à l'élaboration de cette contre-culture, grande
maîtresse du punk? Peut-on parler de "punk" pour des actions ou des personnes datant d'avant la société
de consommation? Y at'il eu des Punks préhistoriques? Nous allons faire comme si. Nous allons essayer de
trouver des ancêtres, des précursseurs.
Parlons éthymologie: le mot "punk" est vieux de plusieurs siècles, au moins utilisé depuis le 17ème. Il
fait parti du language familier, et signifie à peu près "jeune escroc, gangster, voyou ou truand" (ren-
seignement tiré de Wikipédia). Si l'on comprend assez vite l'assimilation et le pourquoi d'une telle
origine, force est de constater que le sens a bien changé avec les années (Si ce n'était pas la cas, on
ne compterai plus les tueries pendant les concerts punk et la musique serai plus dangereuse que les
accidents de la route).
Le sens du mot s'assouplit donc au fur et à mesure des décennies, jusque dans les années 1950 où il ne
signifie plus que "personne louche, mal fagottée". En mars 1970, il fait enfin irruption dans la musique:
une chronique d'un album des FUGS, groupe new-yorkais, rapporte qu'il s'agit de chansons punks. C'est plus
précisément le leader du groupe, Ed SANDERS, qui est associé à ce terme. En Décembre de la même année,
le fameux critique-écrivain LESTER BANGS, dans le magazine CREEM, qualifie Iggy POP et ses STOOGES de
sales punks ( dans la bouche du fan absolu qu'est Bangs, ce n'est pas une insulte, au contraire).
Dans la foulée, plusieurs artistes ou groupes sont affublés du même terme.
Vers 1975, "punk" est le nom d'un nouveau magazine consacré à la musique en marge du Mainstream. Le mot
se popularise vite et nomme désormais toute une scène alternative émergeante aus Etats-Unis, surtout à
New-York autour du club CBGB. On nomme "punk", peu à peu, tout et n'importe quoi. Et quand un mouvement
de masse arrive en Angleterre en 1977-78, il est considéré comme la naissance du punk. Les journalistes
à sensation remplacent les critiques musicaux, tout devient punk, et la contre-culture est alors partie
intégrante du Mainstream. Il s'agit désormais de fringues (le véritable uniforme punk est vraiment mar-
rant à voir), de coupe de cheveux, de rebellion de pacotille à tout-va, et de moins en moins de musique.
Après la grosse vague anglaise, dans les années 1980, l'art reprend un peu sa place dans le monde alter-
natif, avec des groupes désormais ancrés dans la "New Wave". Le punk est alors une mode parmi tant d'autres.
  Une nouvelle percée dans la courant dominant a lieu au début des années 1990, avec le succès du rock
indépendant qui a fourmillé dans l'underground pendant toute une décennie. A partir de là, il est difficile
de savoir vraiment où est le punk. Il a semble t'il quitté le domaine musical au niveau du mainstream.
Des artistes peu connus du grand public innovent encore  mais le punk en temps que mouvement ayant un poids,
une influence sur la société, est bel et bien mort depuis des lustres. Il faut chercher ailleurs ce qui a
animé toutes ces idées qu'on a pu nommer "punk" (escroc, gangster, truand!).
 
   " L'habit ne fait pas le punk" (hé oui, c'est de moi.) et s'il fallait qualifier de punk des artistes qui
n'eurent jamais le look, le style, et les codes qui vont avec, je le ferai avec quelques bluesmen et blues-
women des années 1920-1930. Surtout, je pense à CHARLEY PATTON: ce gars avait une façon de jouer (et de vivre)
en dehors de toutes les convenances de l'époque et inspirait ce qu'on nommerai aujourd'hui, une attitude
rebelle. Ne pensant qu'à jouer sa musique, boire du whiskey et fricoter à droite ou à gauche, il est l'insti-
gateur du mode de vie "Sex, drug, and rock'n roll", n'étant certainement pas le premier, mais le plus connu
à une période donnée. Sa voix rauque et erraillée, son jeu de guitare épileptique et violent, Patton jouant
autant sur les cordes que sur le corps de son instrument (il se servait en fait de la guitare comme d'une
percussion, la frappant en rythme avec ses poings), tout cela nous renvoie à l'image que l'on peut se faire
d'un ancêtre du punk! Patton vécu sa courte vie avec excès, enregistrant massivement entre 1929 et 1934, date
de sa mort prématurée dûe a ses frasques alcooliques. Un autre musicien sortant des disques à la même période,
de 1925 à 1931, cette fois un homme blanc, qui jouait le blues de l'homme blanc, la musique folk "old-time".
Il s'agit de Charlie Poole, insufflant dans ses chansons une force et une audace remarquable. Ses rares
succès commerciaux, "Don"t let your deal go down" ou "If the river was whiskey" sont empreintes d'un grand
talent, mais son auto-destruction et son arrogance l'ont rapidement perdu. Je tiens à préciser: que ce soit
pour Patton ou Poole, ou d'autres artistes de mon article, je ne mesure pas la punkitude au nombre de litres
d'alcool ingérés. La vie débridée de ces musiciens n'est qu'un élément d'une personnalité qui englobe en
premier lieu le talent, la pertinence de leur oeuvre. On ne peut pas nier cependant que l'alcool, les drogues,
tiennent une part souvent et hélas non négligeable dans la vie des originaux, des artistes à contre-courant,
et c'est cette volonté de démarquation qui est "punk", non pas le fait qu'ils soient des toxicos notoires.
   cette période est prolongée un peu après la crise de 1929, moment où un tri radical est fait entre artistes
qui gagnent face à la récession, et les autres qui perdent leurs contrats, faute d'argent.C'est donc au début
des années 1930 que Leadbelly, chanteur noir emprisonné au pénitencier d'Angola pour une peine à vie, se fait
remarquer par John et Alan LOMAX, deux musicologues enregistrants partout dans le Vieux Sud des inconnus, en
prison, dans les plantations, sur les digues du Mississippi, etc. Sa vie est un chaos absolu et la force qu'il
dégage, surtout en chantant son répertoire de blues, folk, et morceaux de danses pré-blues. Avec l'aide des Lo-
max, il est gracié par le gouverneur d'état et se lance dans une carrière musicale. Si je cite Leadbelly, c'est
qui lui aussi fait figure de punk avant l'heure. Mode de vie débridé qu'il raconte au gré de ses textes, avec sa
voix et son jeu de guitares à douzes cordes très, très puissants, presques sauvages. Le côté cru dans son oeuvre
est une source d'inspiration pour plusieurs générations de rockeurs, et de punk-rockeurs bien plus tard.
Un des collègues de Leadbelly fut pendant quelques années le célèbre Woody Guthrie. Et c'est un autre aspect que
la puissance et les interprétations crues que je veux évoquer ici: la dimension politique et engagée du punk.
Guthrie est un rebel: il critique ouvertement la société ségrégationniste, l'aspect capitaliste que prennent les
choses dans les années 40 après la grande Reconstruction d'après-guerre. Il dénonce la pauvreté dans les milieux
ruraux mais aussi dans les métropoles du nord qui créent de vrais ghettos. Mis avec Leadbelly et PETE SEEGER sur
la liste noire anti-communiste du gouvernement américain, Guthrie inscrira sur sa guitare "THIS MACHINE KILLS
FASCISTS", tout un programme pour des jeunes se sentants exclus socialement et politiquement. C'est un peu plus
tôt, début des années 30, que le fameux accordéonniste cajun AMEDEE ARDOUIN dérangera le petit monde raciste de
sa Louisiane natale, et se fera assassiné par un blanc jaloux de son succès, suivi à la trace par des gars dési-
reux d'une petite ratonnade, qui tournera mal. Je cite cet exemple pour appuyer le fait que même à cette époque,
aux USA notamment, la vie était d'une grande rudesse, pour les noirs (et les indiens avaient déjà ramassés depuis
quelques siècles) et les ARTISTES noirs. Certains donc dénonçaient ce sort et en bavaient à cause de cela: des
punks?
Pour certains d'entre eux, le sort s'acharnait et il était courant que les artistes, bluesmen et autres, soient
en fait obligés de subvenir à leur besoin en chantant dans la rue et en faisant des disques à cause d'une infir-
mité, souvent de l'ordre de la cessité. Ceux-ci, sauf un ou deux comme le riche et célèbre BLIND LEMON JEFFERSON,
en bavaient vraiment, et cela se ressentait sacrément dans la musique d'un aveugle noir nommé BLIND WILLIE JOHNSON.
Même si se dernier avait l'appui de Dieu (il était religieux), Il donnait tout son soul, tout son blues, dans des
interprétations lugubres et violentes, sa voix gutturale faisant passer Charley Patton pour un eunuque. Punk?
   Plus tard, des années 40-50, on a eu quelques personnages hauts en couleur et totalement impregnés de leur art.
HANK WILLIAMS, adoré post-mortem par les punks 60 et 70's. JOHNNY CASH avait aussi son côté subversif. Ah! j'ai ou-
blié de parler de Memphis MINNIE, Une musicienne de blues urbain, mais influencée par la rudesse du blues-country
des années 20. Un caractère bien trempé, une femmme qui ne se laisse pas marcher dessus et qui s'impose en tant
que MUSICIENNE dans un milieu où seuls les chanteuses classiques comme BESSIE SMITH ou MA RAINEY avaient pignon
sur rue dans leurs robes à paillettes pas punks du tout. Elle ne refuse pas la bagarre, ses chansons sont parfois
des diatribes envers les hommes, sa sonorité rêche et un peu plus authentique que toutes ses consoeurs.
   Revenons aux années 50: si l'on peut qualifier d'ancêtres punkoïdes les artistes pré-cités, Il s'agit désormais
de repérer les premiers punks, appelons les proto-punks. Ils le sont dans l'esprit, pas encore dans les codes musi-
caux. je pense aux écrivains beat, dont certains ont collaborés avec des musiciens, comme WILLIAM BURROUGHS. Leur
approche nihiliste du monde et de la société colle bien à l'image que je veux me faire du punk. Burroughs, Ginsberg
ou Kerouac ont une vision assez proche des groupes de musique émèrgeants dans les années 1960: encore des proto-punks
tels les STOOGES, le VELVET UNDERGROUND, THE FUGS et toute la mouvance ESP, les formations free-jazz, SUICIDE,
CAN, et dans une moindre mesure car plus ancrés dans le commercial, tHE ROLLING STONES, THE FLAMIN' GROOVIES.
Au strict niveau musical, ces gens sont assez loin de la nomenclature punk-rock conventionnelle, telle qu'elle sera
édifiée à la fin des seventees. Mais l'attitude, l'énergie, le nihilisme est là. (Même si le punk anglais, le plus
en vogue, relève plus de l'anarchisme). Personnelement, j'adhère beaucoup plus au nihilisme qu'à l'anarchisme et donc
me sent plus proche du proto-punk américain que de ce qui arrive plus tard en Angleterre.
Iggy Pop, anti-rock star, se roule dans du verre pillé sur scène, se jette dans la foule la tête la première, souvent
défoncé à autre chose que la camomille. C'est aussi cela, le punk, le culte de l'anti-star. 

  Les années passent, et la culture dominante engendre de plus en plus de volontées subversives dans les musiques
nouvelles, le rock'n'roll en tête de liste. Mais si le terme "punk" renvoie à une branche spécifique, une déformation
rock, les deux sont parfois mêlés et fondus l'un dans l'autre. Peut-on dire qu'il y avait une once, un prémice de punk
dans le rock naissant des années 50? Peut-être un peu avec certains artistes, certainement pas les plus populaires:
ELVIS PRESLEY passe pour l'icône et le fondateur du rock. C'est faux car le rock est né bien avant son premier disque
en 1954, crée en grande partie par la musique noire. Elvis a, peut-être, juste officialisé un mélange des genres et l'a
rendu populaire et commercial. Mais revenons à nos moutons: Elvis, parrain du punk? Non. Peut-être EDDIE COCHRAN, ou
GENE VINCENT, qui jouaient une musique brute, un son de voyous.
On arrive aux années 60 et là, les choses s'accélerent pour notre punk bien-aimé: comme il est mentionné plus haut,
les écrivains Beat et surtout BURROUGHS me parraissent des bons p'tis punks, beaucoup plus que des hippies. La volon-
té de se libérer des conventions, de créer du neuf, de renverser l'ordre des choses quand elles semblent désuettes:
Voilà ce qui est vraiment PUNK! C'est le cheval de bataille de Burroughs, et à travers cela, il influence la musique
émergeante: le rock-blues des STONES et des GROOVIES, qui sont "un peu punks" (car ils mettent le chaos dans les
hotels et prennent des drogues de punk (pas de LSD) en baisant des groupies. Mais le veritable terreau du punk arrive:
le proto-punk des STOOGES, du VELVET UNDERGROUND, des FUGS, HOLY MODAL ROUNDERS, des SONICS, des SEEDS, des TROGGS et
du  jazz décomplexé de Ornette COLEMAN, Albert AYLER et Michael Greg JACKSON. Et mention spéciale pour Sun RA, plus
punk que pas mal d'autres. Tous ces gens ont en commun le désir de faire tomber les barrières, celles fixées par la
variété et la norme ennuyeuse de la musique pop. Leurs oeuvres sont des références de la contre-culture qui est peu
à peu nommée "Punk". En effet, le terme apparait, nous l'avons vus, à cette époque, avec Ed SANDERS et IGGY POP.
Ce qu'on ne savait pas vraiment nommer auparavant a trouvé chaussure à son pied. De bandit, voyou, le punk devient
musicien extrême, affranchi des limites conventionnelles. C'est une période palpitante, car en plus de se poser en
réaction face aux normes musicales, ces artistes proto-punks le font aussi face à la société entière (engouffrée dans
la consommation à tout prix, le profit comme valeur première, la peur du nucléaire, la guerre du Viet-nam...). Ils se
mettent aussi en travers de la route des hippies et du Flower Power qui pour eux est décadent et dépourvu d'utilité.
Le velvet, les Stooges et autres considèrent la musique hippie avec mépris. Du coup, des groupes se forment en réaction
à ce mouvement amorphe des années 60. Le punk n'obéit pas encore à des règles musicales précises (et tant mieux) mais
se forge en tant qu"entité idéologique. C'est, pour moi, ce terrau-là qui est le vrai punk (s'il faut en trouver un.
rappelez-vous, c'est un article marrant). Je trouve beaucoup plus punk les artistes de cette trempe que ceux qui, plus
tard, construiront des barrières et des règles à l'intérieur-même du punk qui est censé combattre cela. Au moins, à
l'époque, il soufflait un vent de révolte qui poussaient les gens à aller plus loin, extremiser les choses, et Lou REED,
SKY SAXON des Seeds, CAN, BLUE CHEER, le MC5 ou les groupes de ESP records, l'ont assimilés et comprit assez vite.

   Quelques années plus tard, au milieu des seventees, en Amérique toujours, à New-York en pariculier, se crée une scène
musicale fondée sur l'exemple des Proto-punks. Parmi- eux, on trouve les RAMONES, les NEW-YORK DOLLS, Patti SMITH, TELE-
VISION. Pour la première fois, et même si on y trouve un réel eclectisme, cette scène regroupée autour du fameux CBGB a
des codes communs: guitares aggressives, tempo souvent rapide, chant nerveux et paroles outrancières soit politiques-
anarchistes soit nihilistes. La formule basse batterie guitare prévaut et les chansons couplet-refain, sans l'encombrement
d'un solo sont une règle d'or. On a codifié le punk.
  Je vous propose une chose: Je vous ai dit depuis le début que faire un article sur le "punk" était pour moi une affaire
de second-degré (j'aime l'idée du punk et certains de ses représentants mais c'est devenu une farce depuis longtemps). Je
suis embêté car écrire et prononcer ce mot "punk" dix fois par secondes devient assez stressant et désagréable. Je sature.
Et je pense à vous, chers lecteurs, qui saturez peut-être aussi de lire ce mot à toutes les lignes.
Je propose donc de changer le mot punk en "plouf", cela sera moins réberbatif (et très idiot en même temps). Donc c'est re-
parti.
    A New-york donc, est né durant les mid-seventees le plouf-rock tel que l'on le connait, avec également son style vesti-
mentaire, son univers propre, ses règles musicales. Même si la mode "plouf" n'est pas encore là, la musique énergique est plus
ou moins violente selon les aspirations de chacun (Dans la scène de New-York, la musique plouf est variée, les règles ne dic-
tant pas encore leur loi. On peut ains assister au set de SUICIDE, duo electro-rockabilly punk sans guitare et basse, où la
boite à rythme remplace le batteur et où le chant malsain ressemble peu à d'autres groupes que l'on peut voir dans la même
soirée, par exemple les DEAD BOYS ou TELEVISION).IL faut attendre 1977 et l'arrivée des anglais pour être témoin de la nou-
velle tendance plouf. On voit à la télévision des jeunes ploufs en uniforme, écoutant les SEX PISTOLS (montés de toute pièces
par MC LAREN, ex-manager des New York Dolls avec qui il avait échoué son plan commercial), les CLASH (au moins un vrai groupe,
doté d'une conscience politique que les ploufs vont embrasser dès la lecture des interviews ou après les avoir vu en live).
Musicalement, rien n'est comparable aux américains: le conformisme est de rigueur. Des chansons à trois accords, joués vite
et sans se soucier de son accordage, le tout en rendant au public ses crachats si gentillements envoyés. Les BUZZCOCKS, les
UNDERTONES et TELEVISION PERSONALITIES relèvent le niveau en insufflant un côté mélodique et fragile à un plouf-rock tradi-
tionnel.
    
    Dans les années 80, le plouf est noyé, d'une part dans la new-wave, et de l'autre par le rock hardcore. Concernant les pre-
miers, je dis que les B'52'S, PYLON, et les CARS, c'est plouf. Dans la seconde mouvance, les texans SCRATCH ACID, BIG BOYS, DICKS,
BUTTHOLE SURFERS, c'est super plouf. Les MINUTEMEN et BLACK FLAG, ainsi que les MEAT PUPPETS sont aussi très plouf. Il y en a bien
d'autres, car le mouvement a pris de l'ampleur, et on parle désormais de "post-plouf". WIRE, GANG OF FOUR (des groupes anglais)
sont excellents dans ce post-plouf.
   Mais les styles musicaux se scindent de plus en plus de manière à ce qu'on ne sait plus qui est plouf. Plein de sous-genres de
plouf font qu'au final cela ne veut plus rien dire. Et puis, la vague de rock alternatif portant les idées du plouf qui émerge au
début 1990 ne fait que noyer le plouf dans le courant dominant, et le rend encore une fois à la mode, même si cette vague comporte
d'excellents artistes, dignes héritiers du plouf des origines,(le proto-plouf). Ainsi, pour moi, JESUS LIZARD est plouf. NIRVANA
aussi. Les MELVINS aussi.
Depuis, le plouf, musicallement parlant, avec ses règles et ses styles, est à moitié resté dans l'underground, et à moitié dillué
dans un rock confus et pas très dangeureux des années 2010.
Pour ce que je considère comme étant vraiment plouf, c'est à dire la notion de liberté artistique, de non -règles, de sincérité et de
prise de risque, tout cela s'est déplacé vers d'autres horizons, mais une bonne partie s'est perdue en chemin.

    Finissons par quelques groupes ou personnages plouf que j'ai oublié:
ABNER JAY (the last menestrel) est une sorte de bluesman rural oublié de tous et qui tourne partout en jouant dans sa camionnette
ouvrante sur les parkings de supermarchés. A écouter absolument. Pour moi, Jay est plouf.
TRISTAN TZARA, le dadaïste et ANTONIN ARTAUD, écrivain et dramaturge, ont fait de leur oeuvre quelque chose d'assez plouf, de même
que JEROME BOSCH (vous allez crier à l'anachronisme, mais j'assume).
BLIND WILLIE JOHNSON et son chant plus que gutural est un plouf en soutane.
NEIL YOUNG, de part ses choix et ses orientations plus que déstabilisantes est plouf.
ALEX CHILTON, loser éternel, est plouf.
JIM MORISSON, même si la frime est au rendez-vous, est assez plouf quand on y pense.
MO TUCKER (on a parlé de son groupe mais pas d'elle spécialement) est la meilleur batteuse plouf.
BIRTHDAY PARTY est plouf ou post-plouf.
ANDY KAUFMAN, humoriste et comédien unique en son genre, est un sacré plouf.
PATRICK DEWEARE est un plouf un peu cinglé.
     Désolé pour les ploufs que j'oublie, (Justin Bieber, Rihanna, michel Sardou... je pense fort à vous)

 A bientôt et bonne chance dans votre lecture de ce texte un peu plouf, mais aussi bien ouf.

    
  

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